mardi 16 mai 2017

Le rouleau landais en Sologne


Arrêtons-nous un instant dans les forêts et landes de Sologne. Pourquoi cet intérêt pour la Sologne ? Aujourd’hui, en longeant les domaines forestiers, il est possible d’apercevoir des rouleaux landais produits dans les années 50. Mais quelle surprise ! Tout cela nous a semblé mystérieux et nous avons décidé de nous interroger sur l’histoire de la Sologne et du rouleau landais.

La Sologne
Prenons le temps de décrire la Sologne. La Sologne s’étend entre la Loire et le Cher, de Vierzon au sud jusqu’à Orléans et de Blois à l’ouest jusqu’à Sancerre.
Les sols sont sableux purs à argileux purs et il existe beaucoup de types intermédiaires en fonction des proportions sable/argile. La végétation et l’hydrologie sont par conséquence très diversifiées. Les sols sableux ont tendances à être bien drainant et plutôt secs alors que les sols argileux sont plus humides car moins drainant et sujets à des engorgements temporaires.

Sol solognais 

La Sologne est une région avec des paysages divers : forêts, landes sèches, landes humides, marais.

Essences et reboisement
Historiquement, les essences autochtones en Sologne sont chêne, bouleau (essences majoritaire), châtaignier, noisetier, charme, érable et aulne (essences secondaires). Au XIXème siècle, la superficie forestière en Sologne était faible, conséquence d’une gestion inappropriée et les grandes forêts protégées servaient principalement pour la chasse.

Sur la reste du massif, il y a beaucoup de landes mésophile ou humide et peu de forêt. Ces forêts ne sont pas gérés durablement (défrichement, exploitation abusive du bois et pas de reboisement) et donc les terrains ou les bois ne sont pas valorisables (bouleaux, noisetier, pas de bois d’œuvre) ou inaccessibles (pas de desserte ou trop humide).

Les reboisements en Sologne ont commencé à la fin du XXIIIème siècle par des propriétaires soucieux de la situation mais se sont concrétisés au milieu de XIXème siècle (dans les années 1850) pour valoriser ces terrains dépeuplés et produire du bois. Les essences plantées sont du Pin maritime (adapté mais sensible au gel hivernal) puis du Pin sylvestre (adapté à la station mais moins productif), du Pin laricio (bien adapté à la station et productif), du Pin Weymouth et du Douglas.

Le rouleau landais en Sologne
Nous trouvons peu d’informations relatives au rouleau landais en Sologne, nous ne connaissons pas la date des premières mises en route de rouleau landais dans cette région mais par hypothèse elle peut être corrélée à sa mise en route dans les années 20 et aux premiers grand reboisements en Sologne.

Rouleau landais Ménard-Darriet

Voici deux expérimentations dans lesquelles le rouleau landais a eu un rôle.
En 1950, le débroussailleur landais était présent en forêt d’Orléans (POURTET, 1951). Le but était de détruire la végétation sans faire de labour pour préparer et entretenir des pare-feu et pour enlever la végétation empêchant d’effectuer d’autres travaux. Le rouleau testé est de la marque Darriet avec un poids de 1,2t. Il n’était pas assez lourd pour le travail prévu, les préconisations étaient d’alourdir le rouleau avec des masses ou de faire un tandem avec 2 rouleaux l’un derrière l’autre.

Dans les années 1980, des expériences sont réalisées pour améliorer la croissance et la régénération des bois sur sol sablo-limoneux peu humide(Cabanettes et al., 1990). La parcelle d’expérimentation est occupée par du taillis simple avec une majorité de Bouleau (Betula pubescens). Le rouleau landais utilisé pèse 1,1t et peut aller de 10 à 30 cm de profondeur. Le passage du rouleau permet un labour superficiel, il passe sur les souches de taillis, élimine les bourgeons dormant et favorise leur dégradation. Les souches de bouleau étant plus facilement dégradable ces phénomènes sont accentués. L’outil utilisé pour les essais altère les racines superficielles et par conséquence limite la croissance en hauteur des cépées.Après son passage, il favorise le développement de la végétation basse.

Quelles utilisations en Sologne ?
Ces expérimentations montrent l’intérêt porté au rouleau landais par rapport aux travaux et aux résultats attendus. Les conséquences des travaux ne correspondaient pas toujours à la volonté des chercheurs (dégradation des souches de taillis) et ces exemples nous permettent de conseiller entrepreneurs sur les travaux envisagés aujourd’hui.

Travail du sol avec le rouleau landais

Actuellement, le noisetier et le bouleau ne sont pas des essences économiquement intéressantes et les propriétaires préféreront favoriser le chêne ou le pin plus valorisable. Des essences comme le noisetier et le bouleau forment des taillis en sous bois et rejettent facilement sur des terrains adaptés.

L’utilisation du rouleau landais Ménard-Darriet permet d’éclater les souches,d’éviter une croissance trop rapide des rejets pour favoriser la croissance d’autres essences héliophiles (espèces végétales ayant des besoins important de lumière pour se développer).

Il peut être utilisé pour favoriser la régénération naturelle en faisant un ou plusieurs passages sous les arbres semenciers.

Le rouleau landais sert aussi pour la préparation du sol avant semis ou plantation. Il prépare le terrain en broyant grossièrement les rémanents et en retournant la terre sur quelques centimètres, la profondeur de travail étant défini par le type de rouleau landais.